J’avais atteint ma quinzième année qu’à l’exception de quelques privautés avec mon frère, je n’avais point encore forfait à l’honneur. Ma mère m’avait appris qu’il gisait chez les femmes dans le lieu le moins fait pour le conserver, et je me gardais bien de l’y laisser chercher par d’autres que par mon cher frère qui, très amoureux, et en même temps respectueux, n’y déposait que le bout de son doigt ; mais je ne me défendais guère des attaques préliminaires que les voisins et les amis de la maison me livraient tour-à-tour. Ayant le droit de venir à la maison paternelle à toute heure du jour, ils ne manquaient jamais, les uns après les autres, quelquefois tous ensemble, de m’appliquer les baisers les mieux conditionnés.
En réfléchissant aux caresses que les gens du peuple s’empressent de faire aux jeunes filles de leur classe, caresses qui seraient autant d’injures de la part d’un homme bien élevé, j’ai toujours été étonnée que ces caresses pussent être