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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/328

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gien ; je lui devais trop pour me séparer de lui ; comme la maison qu’il occupait était assez vaste, j’y pris un logement, et nous continuâmes à vivre dans une douce familiarité.

M. Larcher (c’était le nom de mon libérateur), avait une de ces figures qui, sans être belles, plaisent à tout le monde par l’empreinte de douceur et d’aménité qui y règne ; il était garçon et vivait seul avec une vieille gouvernante : comme il était fort expert dans son art, son état lui procurait assez d’aisance ; son caractère ne démentait point sa physionomie ; il était doux, liant, sensible et généreux ; on eût dit que son âme avait été pétrie de miel ; jamais le moindre fiel ne se manifestait dans ses discours ni même dans ses gestes ; enfin il n’avait de sensibilité que pour aimer. Son esprit était aussi éclairé que son cœur était bon, et sa conversation avait les plus grands charmes pour moi. Les douceurs de cette nouvelle liaison me firent bientôt oublier la funeste aventure qui m’était