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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/374

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alors qu’elle se croit le moins en danger, qu’elle est le plus près de faiblir ; la méfiance de soi même, voilà, selon moi, en quoi doit consister sa vertu, et celle qui se fie le moins sur ses propres forces, est à mes yeux la plus vertueuse.

Bref, M. Vander Noot obtint de moi ce que les Calonne, les Mirabeau et tant d’autres en avaient obtenu, mais d’une manière un peu moins prompte. Lorsque le délire où le président avait si bien su plonger mes sens fut passé, mon premier sentiment fut le soulèvement de mon amour-propre ; j’étais piquée contre moi-même d’avoir cédé si aisément, et contre Vander Noot, d’avoir si bien employé les moyens de me faire succomber ; cependant ce sentiment céda bientôt à l’idée que je m’étais faite de l’importance du personnage, et cette idée se liant avec celles de la liberté et du patriotisme dont il était un des plus zélés défenseurs et moi un des plus chauds partisans, je crus avoir plutôt à me louer qu’à m’affliger de ce qui m’était