croire à un pareil discours ; il ne pourra
s’imaginer qu’un homme qui n’avait
aucune espèce de droit sur un autre,
osât lui défendre l’accès d’une maison
où il était accueilli, qu’enfin cet homme
qui n’avait à coup sûr aucune vue légitime
sur une jeune personne, pût prendre
sur lui de s’opposer d’une manière
aussi formelle à des recherches avouées
par l’honneur, et dont le but était un
hymen que l’amour avait déjà préparé.
Cependant telle était la fierté, l’impudence,
l’arrogance aveugle de cette noblesse,
que le Comte ne faisait là qu’une
démarche très ordinaire. Les paroles du
Colonel, bien loin de m’intimider, ne
firent qu’exciter en moi la plus vive indignation :
Monsieur le Comte, lui répondis-je,
j’ai pour votre rang tout le respect
que je dois, mais croyez-vous qu’il vous
donne le droit de me parler d’un ton
aussi impérieux, et surtout celui de
m’interdire toute relation avec une personne
que j’estime, que j’aime et qui, je
ne crains point de l’avouer, a les mêmes
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