Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/447

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 437 —


croire à un pareil discours ; il ne pourra s’imaginer qu’un homme qui n’avait aucune espèce de droit sur un autre, osât lui défendre l’accès d’une maison où il était accueilli, qu’enfin cet homme qui n’avait à coup sûr aucune vue légitime sur une jeune personne, pût prendre sur lui de s’opposer d’une manière aussi formelle à des recherches avouées par l’honneur, et dont le but était un hymen que l’amour avait déjà préparé. Cependant telle était la fierté, l’impudence, l’arrogance aveugle de cette noblesse, que le Comte ne faisait là qu’une démarche très ordinaire. Les paroles du Colonel, bien loin de m’intimider, ne firent qu’exciter en moi la plus vive indignation : Monsieur le Comte, lui répondis-je, j’ai pour votre rang tout le respect que je dois, mais croyez-vous qu’il vous donne le droit de me parler d’un ton aussi impérieux, et surtout celui de m’interdire toute relation avec une personne que j’estime, que j’aime et qui, je ne crains point de l’avouer, a les mêmes

  
37.