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sentiments pour moi. Vous me connaissez bien peu si vous vous êtes imaginé que votre ton et vos menaces m’en imposeraient ; apprenez que je perdrai plutôt la vie que de renoncer à Emilie. En disant ces mots, je portai machinalement la main à la garde de mon épée.

Le Comte rougit et pâlit tour à tour ; ses yeux étincelaient de colère : Quoi ! me dit-il, vous êtes assez insolent pour me manquer de respect ; si je ne craignais d’oublier qui je suis, je vous punirais de votre témérité : il joignit à ce propos l’apostrophe la plus insultante. L’homme qui a conservé son énergie primitive, et qui connaît la dignité de son être, ne peut souffrir une insulte de la part de son semblable, quel qu’il soit. Irrité au dernier point par l’apostrophe du Comte, je reculai de quelques pas et tirant mon épée : — Monsieur, lui dis-je, du moment où vous osez m’insulter, vous vous mettez à mon niveau, et je méconnais entre nous une distinction qui dans le fait n’est qu’imaginaire ;