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Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/459

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tion, et ces souvenirs affreux, en déchirant mon âme, y firent naître le plus grand désespoir ; j’arrachai mes bandages, résolu de ne point survivre à celle sans laquelle la vie m’était désormais insupportable. On eut bien de la peine à m’empêcher d’attenter davantage sur moi-même ; dans mon délire je poussais les cris les plus affreux, je me reprochais d’être le meurtrier de ce que j’avais de plus cher. Cet état finit par le plus profond abattement, par une morne insensibilité qui ressemblait à un anéantissement total : bientôt une fièvre violente me prit avec un transport au cerveau, et l’on désespéra de moi. Je fus quinze jours entre la vie et la mort ; cependant comme mes blessures n’étaient point mortelles et que je suis d’un tempérament robuste, contre l’attente de ceux qui me soignaient, contre mon propre désir, je me trouvai bientôt hors de danger, mais mon âme était toujours absorbée par la plus vive douleur, par le sentiment profond de la double perte

  
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