de tous côtés, j’aperçus ma chère Emilie
étendue sur un autre brancard et qui ne
paraissait donner aucun signe de vie ;
j’eus encore assez de force pour demander
aux paysans : vit-elle encore ? Ces
gens qui ne songeaient pas sans doute
aux ménagements que mon état demandait,
et combien cette personne m’intéressait,
me répondirent qu’elle était
morte ; c’en fut assez, je poussai un cri
et je retombai dans un évanouissement
plus profond encore que le premier.
Je fus conduit au village le plus prochain, et là les soins qu’on me donna me rappelèrent de nouveau à la vie. Je n’eus d’abord que des idées confuses de ce qui m’était arrivé ; il me semblait que j’avais fait un songe effrayant ; mais peu à peu ce nuage se dissipa, je vis mon malheur dans toute son étendue ; l’image de mon ami expirant, celle d’Emilie percée d’un coup mortel par mes mains, celle de cette chère personne, étendue sur le brancard, la cruelle assurance des paysans, tout se retraça à mon imagina-