passion qui devrait toujours être le premier
mobile de notre bonheur, est pour
elle une source de malheurs et d’écarts,
et si elle a encore conservé son courage,
c’est que la bravoure forme le fond du
caractère des Français.
Telles furent les réflexions que me fit faire le récit de l’ermite : Voilà, me disais-je, comment un seul homme peut faire le malheur de plusieurs, comment sa méchanceté peut détruire en un instant l’espoir le mieux fondé d’une félicité parfaite. Il ne faut donc compter sur rien dans ce bas monde, puisque nous n’avons pas seulement à lutter contre la fortune et les circonstances, mais que nous avons encore tout à craindre de la part de nos semblables. — Je témoignai à l’ermite combien son récit m’avait intéressée, et après quelques moments d’entretien je le quittai. En prenant congé de lui je me sentis attendrie comme si je l’eusse connu depuis longtemps : il est des personnes qu’il ne faut voir qu’une fois, qu’un instant pour leur être atta-