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LIVRE PREMIER.

mettre un instant à ma place et m’excuser. Jusqu’ici Votre Majesté a pratiqué les bonnes œuvres qui conduisent au bonheur, et, par là, vous avez obtenu de devenir le maître des hommes. Non-seulement vous êtes l’appui et le soutien de toutes les créatures, mais vous êtes encore le protecteur de la doctrine de Chi [Çâkya). La justice veut que vous lui prêtiez secours et que vous travailliez à la répandre. Convient-il que vous apportiez des obstacles à sa diffusion ? »

— « Votre disciple, répondit le roi, n’oserait jamais y mettre des obstacles ; seulement, mon royaume n’a point de maître pour le diriger dans le bien. C’est uniquement pour cela que je tâche de retenir le Maître de la loi, afin qu’il devienne le guide des hommes égarés. »

Mais le Maître de la loi persista jusqu’à la fin dans son refus. Alors le roi, rougissant de colère et étendant un bras menaçant, s’écria d’une voix forte : « Votre disciple va maintenant vous traiter d’une autre manière, et l’on verra si vous pourrez partir fièrement. Je suis décidé à vous retenir de force ou à vous faire reconduire dans votre royaume. Je vous engage à y réfléchir ; le mieux est encore de céder. »

— « C’est pour la sublime Loi que je suis venu, répondit Hiouen-thsang. Maintenant, je rencontre des obstacles, mais le roi ne pourra retenir que mon corps (littéralement, mes os) ; il n’a aucun pouvoir sur mon esprit et ma volonté. »

Là-dessus il poussa de longs soupirs, sans pouvoir parler davantage ; mais le roi resta inflexible. Il ordonna