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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

et s’est changée en blocs de glace qui ne fondent ni au printemps ni en été. Des nappes dures et brillantes se déroulent à l’infini et se confondent avec les nuages. Si l’on y dirige ses regards, on est ébloui de leur éclat. On rencontre des pics glacés qui s’abaissent, en travers, sur les côtés de la route, et dont les uns ont jusqu’à cent pieds de hauteur, et les autres plusieurs dizaines de pieds de largeur. Aussi ne peut-on traverser ceux-ci sans difficulté, ou gravir ceux-là sans péril. Ajoutez à cela des rafales de vent et des tourbillons de neige, dont on est assailli à chaque instant ; de sorte que, même avec des souliers doublés et des vêtements garnis de fourrures, on ne peut s’empêcher de trembler de froid. Lorsqu’on veut manger ou dormir, on ne rencontre nul endroit sec où l’on puisse se reposer. On n’a alors d’autre ressource que de suspendre la marmite pour préparer ses aliments, et d’étendre des nattes sur la glace pour dormir.

Au bout de sept jours, il commença à quitter la montagne. Treize ou quatorze de ses compagnons moururent de faim et de froid ; le nombre des bœufs et des chevaux fut encore beaucoup plus grand.

Après être sorti de la montagne, il arriva au lac Thsing-tchi, (Témourtou ou Issikoul). Il a quatorze ou quinze cents li de tour ; il est allongé de l’est à l’ouest, et rétréci du midi au nord. Lorsqu’on le regarde de loin, il paraît avoir une étendue immense, et, sans être poussés par le vent, ses vastes flots s’élèvent ordinairement à plusieurs dizaines de pieds. Il suivit les bords de (cette) mer