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LIVRE DEUXIÈME.

il ne lui offrit point ses hommages. « En sortant de la famille (en embrassant la vie religieuse), dit-il, j’ai reçu toutes les règles de la discipline. Comme Tse-chi (Maitrêya) habite dans le ciel, il n’est pas convenable que je le salue et que je lui montre du respect comme si c’était un homme du siècle. »

Il monta et descendit trois fois sans avoir rendu hommage à Maitrêya. L’orgueil du moi (âtmâmada) s’étant ainsi accru dans son cœur, ses doutes ne purent se dissiper.

À quatre ou cinq li du Kia-lan (Samghdrdma) de Te-kouang (Gounaprabha), il y a un autre couvent où vivent deux cents religieux qui sont tous attachés à l’étude du petit Véhicule (Hînayâna). C’est là que le maître Tchong-kien (Samghabhadra) termina ses jours.

Ce docteur était originaire de Kia-chi-mi-lo (Kachmire). Il se distinguait autant par ses vastes connaissances que par l’élévation de ses talents. Il comprenait à fond le Pi-p’o-cha (le Vibhâchâ) de l’école Tsi-yeou-pou (c’est-à-dire des Sarvâstivâdas).

À cette époque, le Poa-sa Chi-thsin (Vasoubandhou bôdhisattva) s’était acquis aussi par ses lumières une brillante réputation. Il avait composé d’abord le A-pita-mo-kiu-^he-lun (l’Abhidharma kôcha çâstra), pour combattre les idées des maîtres qui soutenaient le Pi-p’o-cha (le Vibhâchâ). Ses principes profonds et son style riche et fleuri font l’admiration des étudiants des contrées occidentales. Les esprits et les démons même aiment à lire et à expliquer son ouvrage.