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LIVRE DEUXIÈME.

En retournant dans son royaume, comme il passait près du Stoûpa de Tchong-hien (Samghabhadra), il gémit amèrement de ce que ce docteur était mort subitement avant d’avoir publié son ouvrage. Il jura qu’il composerait lui-même des Traités (Çâstras), pour renverser la doctrine du grand Véhicule et anéantir le nom de Chithsin (Vasoubandhou), afin que les principes du maître des Çâstras (c’est-à-dire de Samghabhadra) pussent se transmettre éternellement jusqu’aux siècles les plus reculés.

Après qu’il eut prononcé ces mots, sa raison se troubla et son esprit fut frappé de folie ; cinq langues sortirent de sa bouche, et un ruisseau de sang s’échappa de tout son corps. Revenu à lui, il reconnut que ces souffrances provenaient de ses vues perverses ; il déchira ses écrits et se livra au plus amer repentir. Il exhorta ses compagnons à ne jamais calomnier le grand Véhicule, et en disant ces mots, il expira. Dans l’endroit où il mourut, la terre s’affaissa, et il s’y forma une vaste fosse.

Dans ce royaume, il y avait un religieux d’une vertu éminente, nommé Mi-to-se-na (Mitrasêna), qui était âgé de quatre-vingts dix ans. C’était un disciple de Té-kouang (Gounaprabha). Il excellait dans la science des Trois Recueils.

Le Maître de la loi resta près de lui pendant la seconde moitié du printemps et tout l’été, et étudia sous sa direction le traité Tan-to-san-ti-yo-lun (Tattvasatya çâstra), le Souî-fa-tchi-lun (Abhidharma djnâna prasthâna castra), etc.