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LIVRE QUATRIÈME.

doctrine de l’Ecole Tching-liang-pou (l’Ecole des Sammitiyas), et avait composé, en sept cents çlôkas, un Traité pour combattre le grand Véhicule. Tous les maîtres du petit Véhicule en furent transportés de joie. Ils le montrèrent au roi et lui dirent : « Tel est l’exposé de nos principes. Y aurait-il maintenant un partisan du grand Véhicule qui pût en réfuter un seul mot ? » — « J’ai entendu dire, leur répondit le roi, qu’un renard se trouvant un jour au milieu d’une troupe de souris et de rats se vantait d’être plus brave que le lion ; mais dès qu’il l’eut aperçu, le cœur lui manqua, et il disparut en un clin d’œil. Vous n’avez pas encore vu, vénérables maîtres, de religieux éminents du grand Véhicule. Voilà pourquoi vous soutenez avec obstination vos principes insensés. Je crains bien qu’en les apercevant vous ne ressembliez au renard dont je viens de parler.

Si vous doutez de notre supériorité, répondirent-ils au roi, pourquoi ne pas rassembler les partisans des deux doctrines et les mettre en présence, pour décider de quel côté est la vérité ou l’erreur.

— Cela n’est point difficile, » répartit le roi. Sur-le-champ, il envoya au couvent de Nâlanda un messager chargé d’une lettre pour Kiaï-hien (Çilabhadra) qui était sumonmié Tching-fa-thsang (le Trésor de la droite voie — Saddharmagarbha ?). « Votre disciple, lui disait-il, en passant par le royaume de Ou-tch’a (Orissa), a vu des maîtres du petit Véhicule qui, poussés par des vues étroites et bornées, ont composé des traités (câstras) où ils dénigrent et calomnient le grand Véhicule