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DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES.

que les lois des deux princes eussent acquis de l’autorité. Comme ils chassaient chacun de leur côté, ils vinrent à se rencontrer au milieu d’une plaine marécageuse, s interrogèrent sur leur origine et voulurent se disputer l’avantage. Leur langage ayant trahi des sentiments de colère, ils furent sur le point de croiser la lance ; mais un des officiers leur adressa des observations. « Sur quoi se fonde votre querelle ? leur dit-il. Si vous voulez trancher la question en combattant, à l’occasion d’une partie de chasse, vous ne vous trouverez ni l’un ni l’autre suffisamment préparés. Retournez chacun dans votre royaume, équipez vos soldats et réunissez-vous ensuite à un jour convenu. »

Là-dessus, ils s*en revinrent chacun dans leur pays, équipèrent des chevaux et exercèrent leurs troupes. À l’époque convenue, les deux armées se réunirent, et, dès le grand matin, quand elles furent en présence, avec leurs drapeaux déployés, les tambours battirent la charge et rengagement eut lieu de part et d’autre. Le roi de la partie occidentale fut vaincu et s’enfuit ; mais il fut pris et décapité. Le prince de l’Est, profitant de sa victoire, traita avec bonté et rassembla sous ses ordres les habitants du pays de l’Ouest qui n’avaient plus de roi. Il transporta sa résidence dans les terres du milieu et construisit une enceinte de murailles ; mais, affligé de n’avoir point de territoire, il craignit de ne pouvoir réussir. Il publia au loin un édit où il disait : « Quel est celui qui connaît l’arpentage (T’i-li) ? »

Dans ce moment, il y avait un de ces hérétiques qui se couvrent de cendres [Pâçoupatas), qui portait sur son épaule une grande calebasse. Il la remplit d’eau et se présenta au roi en disant : « Je connais l’arpentage. » Aussitôt il répandit l’eau en commençant à décrire un cercle immense, qu’il