Page:Julien Delaite - Essai de grammaire wallonne - Le verbe wallon, 1892 (partie 1) et 1895 (partie 2).djvu/152

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Remarque. — La forme est très ancienne. Burguy la signale dans le dialecte picard du XIIe et du XIIIe siècle et M. Wilmotte dans le wallon (fin du XIIIe siècle) sous la forme ilh. (Études romanes dédiées à Gaston Paris. Extrait. Paris, 1891, p. 243).

’Lle. Même observation que pour ’l. Mais la syncope ne se fait pas bien quand le pronom commence la phrase.

Ex. : Ah ! ’lle vint ou elle vint. Ah ! elle vient.

PLURIEL.

Nos s’emploie devant les consonnes et les voyelles, s sonnant douce devant celles-ci.

Ex. : Nos avans. Nous avons. Nos poirtans. Nous portons.

N’s. Devant les voyelles, on observe souvent la syncope de l’o, quand le pronom commence la phrase ou lorsqu’il est immédiatement précédé d’un son voyelle.

Ex. : Awè, n’s avans ou nos avans. Oui, nous avons.

N’. Très souvent, le wallon simplifie encore la forme devant les consonnes exclusivement, quand une voyelle précède le pronom, ou quand celui-ci commence la phrase.

Ex. : Awè, n’ polans ou nos polans bin fer çoula. Oui, nous pouvons bien faire cela.

Gn’. Dans l’interrogation verbale, l’n se palatalise en gn’.

Ex. : Allans-gn’ ? Allons-nous ?

Nous ne pouvons voir, dans ce gn’ la première personne du singulier analogue à je dans le français rustique, j’allons.

On serait tenté de le croire parce que l’interrogation verbale possède une autre forme du pronom à la 1re personne du pluriel, forme qui est ch’ (tꞓ).

Ex. : Avans-ch’ ou mieux avans j’, j’ se prononçant dur à la fin d’un mot. Cette dernière forme avans-j’ est bien la