Page:Julien Delaite - Essai de grammaire wallonne - Le verbe wallon, 1892 (partie 1) et 1895 (partie 2).djvu/153

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correspondante du français rustique j’avons, j’ons, etc., ne s’employant plus, en wallon, que dans l’interrogation verbale.

Mais le gn’ semble bien la palatalisation de n’ = nos, permettant une émission plus douce.

La langue possède encore les locutions : n’allans-gn’-ju nin, litt. n’allans-nous-je pas ; avans-gn’-ju, litt. avons-nous-je, à côté d’autres avans-j’ju, n’allans-j’ju, comparables aux exemples cités à propos de la forme ju.

Vos, v’s, v’, voir nos, n’s, n’. Dans l’interrogation verbale, v’ est assimilée aux consonnes finales et se prononce toujours f’, sauf devant une consonne douce.

Ex : Vos èstez. Vous êtes.
V’s èstez. Vous êtes.
Vos corez. Vous courez.
V’ m’allez fer creûre. Vous allez me faire croire.
Tossez-v’ ? Toussez-vous ?
Tossez v’ baicôp ? Toussez-vous beaucoup ?

Is s’emploie dans tous les cas ; s sonne douce devant les voyelles.

Ex. : Is ont. Ils ont.
Is payèt, payèt-is. Ils paient, paient-ils.

Il, ’l. Ces formes s’emploient aussi, au lieu de is, devant les voyelles ; la syncope de l’i se fait parfois quand le pronom commence la phrase ou quand il est immédiatement précédé d’un son voyelle.

Ex. : Il ont ’ne saquoi. Ils ont quelque chose
Ah ! ’l ont ou il ont baicôp
des cense.
Ah ! ils ont beaucoup d’argent.

Remarque. — Cette forme du pluriel sans s pourrait bien être primitive. Fallot, en effet, cité par Burguy, rapporte que l’s dans ils apparaît pour la première fois en 1305.