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même deux subdivisions : a) les verbes qui ont un e muet au présent de l’indicatif, modèle doirmi ; b) les verbes qui n’en ont pas au même temps, modèle sinti. 2o La 3e conjugaison mixte qui intercale ih entre le radical et la terminaison, modèle fini.

La quatrième conjugaison renferme les verbes dont l’infinitif se termine par r ou re, terminaisons qui se prononcent de même en wallon. Modèle : beûre.

1re Conjugaison. La première conjugaison wallonne comprend les verbes qui proviennent de la première conjugaison latine (en are).

Elle se subdivise, comme nous l’avons dit, en deux classes, suivant que l’infinitif présent se termine en er (ĕ́) ou en î (ī).

Ces deux classes, qui paraissent si tranchées, possèdent cependant des affinités intimes provenant d’une identité d’origine.

Remarquons d’abord que le phonème î wallon correspond au phonème ier français (cf. anc. franç. mangier, wallon magnî ; anc. franç. aidier, wall. aidî ; franç. mod. pommier, wall. poumî ; franç. mod. premier, wall. prumî, etc.).

L’ancien français possédait même les deux formes à côté l’une de l’autre : eir ou er coexistent, pour le même mot, avec ier. Le français moderne a perdu ier. Le wallon l’a conservé sous forme de î.

Le vieux wallon possède des formes de transition. Ex. aidir, à côté de aidier, laisir à côté des formes ordinaires guarder, demandeir, demander[1]. Je trouve même les formes intéressantes, où la transition est des mieux marquées dans la moralité de 1623[2] : aydyî, spargnyî, waagnyî, louquyî.

Le phénomène dans son ensemble a été interprété par Bartsch et Mussafia, qui ont formulé la loi suivante, connue sous le nom de loi de Bartsch :

  1. M. Wilmotte. Chartres liégeoises. Romania, t. XVII, p. 568. Chartre de 1236.
  2. Bull. de la Soc. Liég. de Litt. wall. T. II.