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CHAPITRE V.

Présent de l’indicatif.


Le présent de l’indicatif est certainement le temps le plus intéressant en wallon : c’est, en tous cas, celui qui présente le plus de particularités remarquables, celui, en un mot, qui s’est le moins simplifié.

Le fait, d’ailleurs, n’a rien qui doive étonner, si l’on songe que ce temps est le plus employé dans la conversation. Les formes s’en présentent souvent à l’esprit et gardent donc, mieux que d’autres, le caractère étymologique qui leur est propre.

À la première conjugaison, aux trois personnes du singulier, nous rencontrons, outre la forme ordinaire en e muet (ji chante), une autre forme en êye (ḕy). Ex. : j’arrèstêye, j’arrête ; j’ach’têye, j’achète, etc.

Disons tout d’abord que cette forme ne doit pas être confondue avec une forme analogue, mais en è bref (ji prèye, je prie, de priyî, par ex.). La différenciation est facile à faire puisqu’il ne s’agit pas dans le dernier cas d’une terminaison, mais d’une modification du radical. Nous avons cependant cru devoir la signaler, parce que souvent la forme êye (terminaison) se prononce parfois très bref (ḕy) même à Liége, et que la prononciation de êye (radical) tend parfois aussi à se rapprocher de celle de êye (ḕy) y terminaison.

Nous ne pouvons accepter l’explication trop générale, mais vraie en partie, de L. Micheels[1] disant que cette forme

  1. Grammaire liégeoise. Liège, 1863.