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Signalons encore une tendance à la simplification par analogie observée dans les formes băt (batte) et dwĕ̀m (doime) des deuxièmes et troisièmes conjugaisons. Le français a bats et dors. Il est évident que l’e muet des formes wallonnes simplifie la flexion de ces verbes et de leurs analogues, puisqu’ils les rapprochent des verbes de la 1re conjugaison.

Verbes irréguliers.

Nous diviserons les verbes irréguliers wallons, au présent de l’indicatif, en quatre classes :

1o Verbes qui éprouvent certains changements du radical de l’infinitif lorsque l’accent tonique tombe sur leur pénultième (aux trois personnes du singulier).

2o Verbes qui, suivant une règle général du wallon, modifie le groupement de deux consonnes, lorsque ce groupement, dans la flexion, précède immédiatement e muet.

3o Verbes irréguliers de la quatrième conjugaison, qui intercalent dans leur flexion une consonne étymologique ou parasite.

4o Verbes anomaux proprement dits.

première classe.

1o a bref (ă) s’allonge en â long (ā et à Liège).

Ex. : payî, payer, ji pâye ; sayî, essayer, ji sâye.

2o è ouvert bref (ĕ̀) s’allonge tantôt en long (œ̄́) : comme dans pèser, peser, ji peûse.

Tantôt en î long (ī), comme dans qwèri, chercher, ji qwîre ; lèver, lever, ji lîve ; crèver, crever, ji vrîve[1]

Tantôt en é fermé et long (), comme dans hèrer, pousser, ji hére ; sèrrer, serrer, ji sérre ; ètèrrer, enterrer, j’ètérre ; rèser, raser, ji rése.

  1. Comparer l’ancien français : je lief, je crief (e bref latin recevant l’accent se diphtongue en ie).