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Verbes anomaux proprement dits.

Fer (faire), intercale l’s caractéristique et donne faîsse aux 3 pers. sing. et est régulier au pluriel, fanse, fésse, fèsse.

Aller (aller) emprunte le singulier de son subjonctif présent à vadere et donne vasse, le pluriel à ambulare : allanse, allésse, allèsse. Le français moderne, lui, emprunte toutes ses formes à ambulare.

La forme vasse correspond à l’ancien français voise (voisse), que l’on rencontre en même temps que aille, ale et même alge et auge.

À côté de cette forme wallonne, s’en rencontre une autre : vâye (vṑy), va(d)am.

Èsse (être). Sa flexion est : seûye (sœ̄́y) au sing. et sèyanse (sĕ̀yãs), sèyésse (sĕ̀yĕ́s), sèyèsse (sĕ̀yĕ̀s), au pluriel (franc, soie, soyons). Cet (œ̆́) wallon correspond au français oi (pois = wall. peûs, mois = meûs, froid = freûd, avoir — aveûr, etc.)

Aveûr (avoir), fait âye (ṑy), âyanse (ṑyãs), âyésse (ṑyĕ́s) et âyîsse (ṑyīs), âyèsse (ṑyĕ̀s), avec l’y euphonique. On trouve aussi avanse (ăvãs), avésse (ăvĕ́s), et surtout avèsse (ăvĕ̀s) à la 3e pers. plur.

Les verbes de la quatrième conjugaison intercalent régulièrement une s devant l’e muet. On pourrait dire qu’ils remplacent l’r terminal de l’infinitif par cette s. Le pluriel observe la règle des consonnes étymologiques (v. p. 178) Ex. : beûre, qui ji beûsse ; qui nos buvanse, etc. Dire (dire) fait dèye (anc. franc. die).

Les verbes diveûr et saveûr gardent la contraction du présent de l’indicatif au singulier et font deûsse et sésse.

Rîre (rire) fait rèye.

Poleûr (pouvoir), valeûr (valoir), voleûr (vouloir) ont, comme quelques-uns des verbes précédents, un subjonctif suffisamment caractérisé par l’y euphonique ou de liaison et par les changements que ce son a apportés à la voyelle radicale. Ils ont pôye (puisse), vâye et vâsse (vaille) et vôye (veuille).