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CHAPITRE XIII.

Infinitif.


Nous avons déjà déterminé, au commencement de ce travail, les différentes terminaisons de l’infinitif présent et nous en avons déduit la répartition des verbes wallons en quatre conjugaisons.

La conjugaison en are latine a donné er (ĕ́) (ancien wallon eir et er), ou bien î (ī) long correspondant à l’ancienne langue ier ou même ir, comme dans aidir, laisir, et répondant à la loi de Bartsch-Mussafia.

La conjugaison en ere latine a donné en wallon e muet, (re franç.) et re ou r, caractéristique de notre quatrième conjugaison[1].

Celle en ire a donné i (ĭ). Nous avons signalé (p. 155), à propos de la répartition des verbes forts dans les quatre conjugaisons, des exemples de transgression des règles précédentes.

  1. À ce propos, il est intéressant de constater l’hésitation de l’ancienne langue française entre oir et re d’un côté et entre oir et ir de l’autre, et par suite entre ir et re. Cette hésitation est d’ailleurs bien permise si l’on songe aux fortes contractions auxquelles ont été soumises les terminaisons infinitives latines : 1o pour permettre, par exemple, à certains verbes de changer de conjugaison ; 2o pour donner des terminaisons vocaliques seules, comme er (ĕ́) en français et er (ĕ́) et î (ī) en wallon, l’r latin ayant disparu, et même pour disparaître complètement (2e conj. wallonne) ; 3o pour donner par exemple, d’un côté voir (videre), de l’autre rire (ridere), plaire et plaisir (placere), courre et courir (curerre), etc.

    Nous allons revenir sur ces cas à propos des infinitifs doubles de certains verbes wallons.