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Un cas intéressant est celui de facere donnant le wallon fer. La syncope du c latin est très fréquente dans ces sortes de verbes (comme celle du d, vi(d)ere, pla(c)ere). Lors de la formation romane, a-t-on songé à un primitif latin fare ou bien à un autre, fari (dire)[1] ? En tous cas, le français a quelque chose d’analogue au wallon, puisque le futur de faire est ferai qui semble admettre un infinitif fer.

Il est un certain nombre de verbes wallons qui possèdent plusieurs formes infinitives. La plupart en ont deux, dont l’une appartient à ce que nous avons appelé la quatrième conjugaison wallonne, qui se termine par r ou re.

Ces deux formes d’un même verbe (qui se retrouvent presque toujours dans l’ancienne langue avec d’autres formes inconnues au wallon), ces deux formes, dis-je, prouvent l’hésitation de la romane en formation entre les différentes conjugaisons latines.

Nous observons plusieurs catégories de verbes à deux infinitifs.

1re catégorie.

1o Les verbes pour lesquels l’hésitation de la langue en formation est bien marquée ; on retrouve, en effet, pour presque tous ces verbes, deux ou plusieurs formes dans les anciens textes. Nous diviserons cette 1re catégorie en deux.

a) Verbes qui ont adopté la première (en ī) et la 4e conjugaison wallonne.

Videre (franc, voir) ; ancien français voir et veir, wall. veûr et vèyî.

La première forme wallonne dérive directement de vi(d)ere (cf. pi(s)um, pois, fi(d)es, foi, etc.) On voit que la seconde forme, qui s’est prononcée vè-ir, a intercalé en wallon un y euphonique et a syncopé l’r d’après la règle générale ; vè-y-î(r)

  1. Faire dans les anciens textes a aussi le sens de dire, mais Burguy attribue ce sens à facere verba.