Page:Julien empereur - Oeuvres completes (trad. Talbot), 1863.djvu/17

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sans complaisance, sine ira et studio. Gibbon y a puisé à pleines mains. Eunape n’est pas aussi digne de foi. Son admiration exaltée pour Julien et sa haine contre le christianisme nuisent à la netteté de ses vues et à la justesse de ses appréciations. Ses Vies des sophistes n’en contiennent pas moins des détails intéressants sur l’éducation de Julien, sur Ædésius de Cappadoce, Maxime d’Éphèse et Chrysanthius de Lydie, dont les doctrines néo-platoniciennes eurent une si grande influence sur l’esprit du jeune empereur. Libanius peut être aussi consulté avec fruit, malgré son penchant pour Julien, qui, après lui avoir témoigné une admiration presque passionnée, le nomma questeur et lui adressa plusieurs lettres. C’est surtout dans les deux morceaux intitulés, l’un : Julien ou Oraison funèbre de l’empereur Julien, et l’autre : De la manière de venger la mort de Julien, que l’on trouve un précis louangeur, mais exact, des exploits de ce prince. Mamertinus, l’un des auteurs des Panegyrici veteres, a de l’élégance, mais ses éloges officiels et hyperboliques demandent à être accueillis avec une grande circonspection. L’Histoire romaine de Zosime n’est point à dédaigner. Cet écrivain a du sens, de la pénétration, en dépit du zèle païen qui l’anime contre Constantin et contre Théodose, et sa prétention mal justifiée d’être un second Polybe. Son style néanmoins ne manque ni de clarté ni d’agrément, mais sa, véracité est parfois suspecte[1]. Aurélius Victor, Eutrope et Rufus Festus n’ont guère écrit que des espèces de sommaires, où l’on ne trouve pas toujours assez de critique, mais où l’on rencontre fréquemment des erreurs. Cependant il faut dire, pour être juste, que l’ouvrage d’Eutrope, si celui de Florus n’existait point, pourrait être considéré comme le modèle des abrégés historiques, et que la rapidité d’Aurélius Victor sait insister, quand il le faut, sur plusieurs particularités, importantes de la biographie de Constance et de celle de Julien.

Parmi les écrivains ecclésiastiques, Socrate, Sozomène et Théodoret, quoique ennemis déclarés de Julien, rapportent beaucoup de faits, qui se recommandent par une authenticité incontestable et qui s’accordent avec le récit des auteurs païens. Socrate surtout est d’une sincérité, à laquelle tous ceux qui l’ont suivi se sont plu à rendre justice, et Sozomène, son fidèle

  1. Wiggers, Dissert. de Juliano Apostata, p. 7, note ; Sainte-Croix, Mém. de l’Acad. des insc. et belles-lettres, t. XLIX, p. 466 ; Schœll, Hist. de la litt. gr., t. VI, p. 334.