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AVANT-PROPOS

de vieilles querelles éteintes, en rééditant, pour le plaisir de taquiner les gens, toutes les pauvres raisons imaginées naguère par des opposants de parti pris. Et puis à quoi cela conclurait-il ?

Rien ne me serait plus facile, assurément, que d’être désagréable à tant d’écrivains qui menèrent l’attaque autre/ois contre Richard Wagner, et je serais amplement muni pour cette petite guerre. Il n’est pas rare à présent de voir des personnes recueillir dévotement les articles qui se publient sur le maître qu’elles admirent ; mais ce goût est de mode récente et ne s’est développé que depuis la mort de Wagner. Qu’on remonte seulement de quelques années en arrière, et l’on ne trouvera pas trace de collection de ce genre. À plus forte raison si l’on recule de dix, quinze ou vingt ans : combien l’idée, en ce temps, aurait paru singulière et la recherche sans intérêt ! Nous ne sommes pis, je crois bien, plus de deux qui ayons, de longue date, et l’un aidant l’autre, imaginé de réunir à peu près tout ce qui s’imprimait sur Richard Wagner chaque fois qu’une œuvre de lui passionnait l’opinion ou qu’il surgissait dans le numdc musical une querelle à son sujet.

Nous agissions en simples collectionneurs quand nous entreprenions cette besogne fastidieuse, et nous ne soupçonnions pas quelle utilité, quel prix, une telle réunion d’articles acquerrait par la suite. Aujourd’hui, qu’il s’agisse de la représentation de Rienzi à Paris, de l’apparition des Nibelungcn à Bayreuth, sur lesquels nous avons précieusement colligé les moindres bribes des journaux français et quantité d’articles importants de tous les pays d’Europe et du Nouveau-Monde ; qu’il soit question du tumulte soulevé aux Concerts populaires lorsque M. Pasdeloup y fit exécuter la marche funèbre de Siegfried, ou bien du confit provoqué tout dernièrement par l’annonce de la représentation de Lohengrin à l’Opéra-Comique , — on trouve, immédiatement là, sous la main, non seulement tous les articles petits et grands des critiques de profession, mais encore les moindres facéties, les plus minces saillies échappées à la plume de chroniqueurs en gaieté qui ne s’en souviennent déjà plus et qui ne riraient guère, aujourd’hui, si l’on s’amusait à les leur rappeler.

Quel riche arsenal où puiser s’il eût été dans mon projet de blesser avec leurs propres armes ceux-là mêmes qui s’acharnèrent le plus contre Richard Wagner ! Mais je répugnais absolument à donner à mon