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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/104

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.


sommes en rapport, des prévenances, des égards, de la politesse. Cette politesse doit s’étendre à tout et se montrer partout ; elle est le simulacre, je veux dire l’imago de la bonté, et c’est la bonté qui gagne les cœurs.

— Grand’mère, puisque vous désirez que je vous fasse honneur, ne voudriez-vous pas me résumer tout ce que vous m’avez dit sur la civilité ?

— Ce serait trop long, ma petite Caroline, je vais me contenter de te parler ce matin des choses principales qui vont me venir à la pensée. Je te l’ai souvent répété, c’est surtout dans l’intimité de la famille qu’il faut garder ses attentions et faire jouir des charmes de son caractère.

Si ton père, las et fatigué, arrive de son travail, accueille-le avec un bon sourire, une figure gracieuse. Prépare-lui un siège, donne-lui la meilleure place au foyer, apporte-lui ce dont il peut avoir besoin, va chercher ses pantoufles. S’il est arrivé avec un front soucieux, ennuyé de ses affaires, ton accueil affectueux et empressé le déridera et lui réchauffera le cœur.

Seconde la mère dans les soins du ménage, fais tout ce qui est en ton pouvoir pour la soulager, sache te déranger pour lui éviter de la peine, durant les repas, par exemple, et ne te figure jamais que tu peux lui commander et te faire servir par elle.

Sois non seulement obéissante, mais encore soumise. La soumission, c’est l’obéissance voulue, consentie par le cœur. J’ajoute : non seulement obéis, mais va au-devant des désirs de tes parents, fais de toi-même ce qui doit leur être agréable. Ne discute pas avec eux, n’élève pas la voix en leur parlant, et si, par extraordinaire, ils avaient tort, ne cherche pas à le leur prouver. Tiens-toi toujours devant eux comme tu le ferais devant des étrangers. Si tu les vois causer ensemble, sois discrète, ne t’approche pas et laisse-leur un peu de liberté.

La plupart des jeunes filles aiment trop la toilette ; toi, ma chère petite, évite la coquetterie, rappelle-toi qu’il