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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/108

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.

jeune fille savait passablement son métier quand un jour son père, un charpentier très habile, tomba du deuxième étage d’une maison en construction. On rapporta le malheureux à son domicile sur une civière. Il avait une jambe brisée à plusieurs endroits et une blessure grave à la poitrine.

Sa femme et sa fille aînée Françoise lui prodiguèrent les plus grands soins ; mais au bout de quelques jours, malgré les espérances données par le médecin, le malade sentit qu’il allait mourir. Il adressa des adieux touchants à sa femme et à ses quatre enfants, puis, faisant signe à Françoise de s’approcher, il la serra sur son cœur, l’embrassa tendrement et lui dit : — Ma fille chérie, quand je n’y serai plus, sois la consolation de ta mère ; aide-la dans sa lourde tâche, donne toujours le bon exemple à ton frère, à tes sœurs et n’oublie jamais ton père qui t’aimait tant et qui te bénit de tout son cœur.

Le lendemain de ce jour, le charpentier mourut. Sa veuve fut en proie à un véritable désespoir ; elle répétait sans cesse : « Quatre enfants ! Qu’allons-nous devenir ? » Françoise par sa tendresse, ses bonnes paroles, relevait le courage de sa mère : — Maman, lui disait-elle, je suis là, j’ai promis à mon père de vous seconder, nous en viendrons à bout ; la Providence viendra aussi à notre secours.

Elle y vint en effet. Un riche négociant marseillais, M. Leduc, propriétaire de la maison où le charpentier s’était blessé, avait une femme bonne, douce et charitable. Ayant appris l’accident arrivé à un des ouvriers, cette dame voulut aller porter des consolations à la famille du pauvre charpentier et laissa une généreuse offrande Mais ce n’est point assez de donner de l’or ; il faut donner surtout de son cœur aux éprouvés de ce monde, adresser à ceux qui souffrent des paroles affectueuses, réconfortantes ; cette aumône-là est plus précieuse encore que l’aumône matérielle.

Mme Leduc fit largement les deux aumônes. Au cours