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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/13

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Pourquoi ce livre a été fait.


J’ai toujours beaucoup aimé les enfants, je leur ai consacré les meilleurs jours de ma vie ; mais j’affectionne particulièrement les petites écolières. Je voudrais que toutes fussent instruites, bonnes, aimables, bien élevées.

Parmi elles se trouvent des enfants pauvres, des filles de paysans, de mineurs, d’ouvriers, gagnant péniblement le pain de chaque jour. Ceux-ci ne peuvent veiller sur leurs enfants et encore moins leur donner des leçons de politesse, de savoir-vivre ; leur inculquer les usages du monde qu’ils ignorent pour la plupart. Eh bien ! nous désirons y suppléer. Oui, nous voulons que toutes les petites filles, même les plus pauvres, puissent se présenter partout avec aisance, ne soient embarrassées nulle part, aient de bonnes manières, un bon maintien, un air comme il faut, sinon distingué.

Le temps n’est plus ou les rois épousaient des bergères ; pourtant, il arrive parfois encore que des femmes de position très modeste parviennent à occuper des situations élevées, dues à leur mariage. Si elles ont reçu une bonne éducation première, elles n’y sont pas déplacées.

On raconte que la femme d’un des membres du gouvernement provisoire, lors de la révolution de 1848, s’écria en entrant aux Tuileries : « À présent, c’est nous qui sont les princesses ! » On aurait pu répondre à cette heureuse personne que la demeure seule, fût-elle un palais, ne saurait créer aussi facilement des princesses, et qu’il faut autre chose pour leur ressembler.