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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/16

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.


« Il faut porter son velours en dedans, c’est-à-dire montrer son amabilité de préférence à ceux avec qui on vit chez soi. » Qu’on me permette de citer ici un souvenir.

Un jour, il m’a été donné de voir, chez des amis, un jeune garçon appelé René. Je fus émerveillé de sa politesse, de sa bonne tenue à table et dans la réunion qui suivit le dîner. Il répondit gentiment aux questions qu’on lui adressait, parla avec beaucoup d’à propos et de justesse. Je le vis même rendre de petits services à la maîtresse de maison et se faire aimable pour tous.

Un mois plus tard, j’allai chez les parents de René, j’eus peine à reconnaître l’enfant bien élevé qui m’avait tant plu naguère. Il parlait à sa mère d’un ton bourru, parfois malhonnête, refusait de se déranger, repoussait durement son petit frère et sa sœur sous prétexte qu’ils l’ennuyaient…

René, comme vous voyez, ne mettait pas son velours en dedans. Il était chez lui, il ne se gênait pas… De grâce, enfants, sachez vous gêner pour vos parents et vos amis, ne faites pas partie de ces espèces de hérissons qui piquent les doigts de ceux qui en approchent. Rappelez-vous que la vie est faite surtout de petites choses ; c’est dans les petites choses qu’il faut se montrer bon, sous peine de ne jamais le paraître. Les petits sacrifices, les prévenances de tous genres, voilà ce qui rend charmante la vie de famille, et ce qui en fait le modèle de la vie sociale.

Mais continuons notre entretien.

C’est un devoir pour les enfants, et ce doit être pour eux un plaisir de souhaiter, chaque jour, le bonjour et le bonsoir à leurs parents et de demander de leurs nouvelles. L’enfant qui ne sait plus trouver de caresses pour sa mère, qui hésite à l’embrasser avant de se coucher, a quelque chose à se reprocher ; il n’a plus la conscience en paix…

Un fils ne se permet jamais d’embrasser sa mère la tête