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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/18

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.


prévoient l’avenir auquel l’enfant ne songe pas ; ils voient clair pour nous, à la fois avec la raison et avec leur cœur, Ce sont des guides sûrs et des amis incomparables.

Un enfant, quel que soit son âge, est toujours un enfant pour son père ; jusqu’à la fin de sa vie, il doit l’aimer, l’honorer, le respecter.

Dans une pièce de notre grand poète Victor Hugo, un aïeul dit à son fils, grand-père lui-même et presque octogénaire : « Jeune homme, taisez-vous I » et quand ses enfants osent élever la voix, il leur jette ces mots :

« Qui donc o’se parler lorsque j’ai dit : silence !… »

Il ne faut pas traiter son père et sa mère en camarades, être trop familiers avec eux et abuser de leur bonté.

Un assez grand nombre de parents désirent être tutoyés par leurs enfants, nous n’avons pas à les blâmer ; pourtant, qu’il nous soit permis de dire que si le tutoiement est une marque d’affection, il est aussi la formule de la familiarité. C’est pourquoi, suivant nous, il est préférable qu’un enfant, qui n’est plus un bébé, dise vous à son père et à sa mère, comme il le dit aux personnes qu’il veut honorer.

En effet, les parents ne doivent pas seulement cire aimés de leurs enfants, il faut encore qu’ils soient craints et obéis. Ici, pas d’égalité possible, les rapports entre parents et enfants ne sont et ne peuvent pas être les mêmes que ceux qui existent entre les frères et les sœurs, les amis et les camarades. A différence de rapports, différence de procédés.

Terminons ce chapitre par cette réflexion : Il n’est personne, mes petites amies, qui autant que vos parents ait droit à votre amour ; il n’est personne aussi qui ait autant de droit à votre politesse, à vos prévenances, à vos égards.

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