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CHEZ LES GRANDS PARENTS.


ceux-ci invitèrent à venir les voir deux autres de leurs petits-enfants qui n’habitaient pas le même pays. Voulez-vous savoir ce qui arriva ?

Au bout de trois jours, les pauvres vieux écrivirent au père et à la mère des nouveaux venus, une lettre qui ne ressemblait guère à la première, elle était ainsi conçue :

« Venez chercher vos enfants, nous n’en voulons plus et nous regrettons beaucoup de les avoir demandés. Depuis leur arrivée ici, c’est un tapage infernal dans la maison. Nous avons la tête brisée ; ils touchent à tout, remuent tout et ne rendent aucun service. Lucie est désobéissante et nous fait d’insolentes réponses. Léon se moque de nos infirmités, branle la tête et marche d’un pas mal assuré, comme nous, dit-il, en riant. — Il maltraite les animaux, fait enrager le chien et le chat, effraye les poules qui s’envolent. Accourez vite si vous ne voulez pas que nous tombions malades. »

— Consolez-vous, pauvres vieux, après une lettre si désespérée on va venir vous délivrer…

Ici, une réflexion s’impose. D’où vient-elle cette différence de réception pour des enfants qui devraient être aussi chers les uns que les autres au cœur de leurs parents ? Tout simplement, de ce que les premiers étaient des enfants bien élevés et les seconds des enfants mal élevés. Les uns étaient chéris, désirés, choyés, tandis que les autres… Vous comprenez, je n’ai pas besoin de m’expliquer davantage.

Lesquels voudriez-vous être ?