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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.



4. — Les Repas.


Quelle que soit notre position, que nous soyons riche ou pauvre, que nous habitions la ville ou la campagne, nous pouvons assister à des repas de cérémonie, à l’occasion d’un baptême, d’une noce, d’une réunion de famille, etc. Dès lors, nous devons nous tenir convenablement.

Pour ne pas avoir l’air emprunté quand nous sommes en société, nous devons dans l’intimité de la famille nous conformer aux usages des gens bien élevés.

On peut n’avoir sur sa table que des mets grossiers ; mais on doit les manger proprement et avec autant d’adresse que les mets les plus délicats.

J’ai connu un campagnard intelligent, très brave homme, qui fut nommé maire de son village. H administrait parfaitement sa commune et jouissait de l’estime de tous. La seule chose qui lui déplaisait dans ses fonctions était les rapports qu’il devait avoir avec des messieurs, de hauts fonctionnaires. Il était invité parfois à dîner à la préfecture et il m’avouait en riant que, malgré l’honneur qu’on lui faisait, son plus agréable moment était celui où il quittait la table…

N’est-ce pas, en effet, un supplice que d’être obligé de regarder sans cesse autour de soi pour voir si l’on agit comme tout le monde, si l’on ne fait pas de bévues, de gaucheries, et si l’on ne provoque pas les moqueries et les sourires.

Certains travaux, certaines actions, se font de temps à autre ; quant aux repas, ils se renouvellent impérieusement plusieurs fois par jour, il est donc indispensable de ne pas prendre de mauvaises habitudes qu’il est très difficile ensuite de détruire.

Écoutez attentivement, mes chères petites, coque j’ai à vous dire sur la manière de vous tenir à table, et vous ne serez point embarrassées quand vous vous y trouverez en nombreuse compagnie, même à la table d’un préfet !