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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/38

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.


dinaire, on avait oublié de la servir. Alors, pour ne pas paraître gourmande, elle s’avise de dire tout haut : — Papa, un peu de sel s’il vous plaît ! Le père ne voyant rien sur l’assiette de sa fille, lui répond étonné : — Mais, que veux-tu faire de ce sel ? — Papa, c’est pour manger avec la viande que vous allez me donner.

À ces mots, les convives se mirent à rire, et bientôt l’assiette de Julia fut garnie de bons morceaux.

Lorsque la maîtresse de maison sert elle-même, il faut garder ce qu’elle envoie et ne point passer son assiette à d’autre. C’est une remarque importante.

On trouve parfois dans les aliments des objets répugnants qui ne font pas partie… de l’assaisonnement. Ce sont là de vrais petits ennuis pour les maîtresses de maison, et il est difficile de les éviter malgré toutes les précautions prises. Aussi, une personne polie qui rencontre une malpropreté dans les aliments qu’on lui sert ne dit rien et tâche de la faire disparaître adroitement pour ne pas exciter le dégoût de ses voisins. Un jour, j’entendis un petit garçon pousser de grands cris parce qu’il avait trouvé une mouche dans sa viande, et ce fut bien pis encore quand il vit un ver dans son fromage.

C’était sot de la part d’un enfant, et c’aurait été malhonnête et ridicule de la part d’un grande personne.

Il n’est pas défendu de parler à table, les repas sont des moments de gaieté, de délassement, et les convives peuvent se laisser aller au plaisir de la conversation ; mais il est bon de ne pus parler la bouche pleine, sans quoi il adviendrait… ce qui est advenu au corbeau de la fable.

Les enfants à table ne doivent jamais être importuns, ils ne doivent pas gesticuler, remuer sans cesse et risquer de salir dans leurs mouvements les habits de leurs voisins.

Ils ne doivent parler que quand on les interroge. Rien n’est insipide pour les convives comme d’entendre bavar-