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LES REPAS.


der sans relâche autour d’eux ; aussi pour éviter cet ennui et avoir la tranquillité, on prend souvent le parti de reléguer les enfants bavards et tapageurs à une table séparée. C’est ce qui est arrivé à un petit garçon dont je vais vous raconter l’histoire.

Albert avait presque huit ans, et voyant un jour le dîner servi, il se disposait à prendre sa place accoutumée.


Comme il y avait nombreuse compagnie, le père, qui avait ses raisons pour cela, dit à son fils : « Tu n’as pas la barbe assez longue pour dîner avec nous aujourd’hui, retire-toi. » L’enfant reste confus et va raconter sa peine à sa mère. Celle-ci, pour le consoler, lui fait dresser une petite table sur laquelle elle fait servir, outre de la viande, force gâteaux et friandises, Pendant qu’Albert mange, le gros chat de la maison s’approche et ose porter sur un plat sa patte audacieuse. Indigné d’une telle familiarité, l’enfant frappe avec sa fourchette la tête de l’insolent et lui dit : «  Va-t-en,