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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/48

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.


dées : Alice n’est ni poseuse, ni pédante ; de plus, son caractère est charmant.

« Elle a seize ans. Elle est mince, assez grande, blonde avec des yeux bleus et rieurs. J’ai entendu chuchoter sur son passage : elle n’est pas jolie, jolie, mais elle a beaucoup de charme et surtout de distinction.

« Naturellement, tout le monde s’occupe d’elle. Tu penses, une étrangère dans notre village !.. Mais elle a de l’aisance, rien ne l’embarrasse, elle sait se tirer d’affaire en toute chose, elle dit et fait ce qu’il faut. Tu vas en juger.

« Maman nous a envoyées toutes les deux faire une commission chez Mme Richer, femme de notre médecin que nous avions vue la veille. Nous voilà donc en route.

« En arrivant à la porte, Alice cherche des yeux la sonnette et sonne un tout petit coup. Il paraît qu’il est incivil de sonner fort et de mettre à son arrivée toute une maison en révolution. La bonne était au premier étage, elle tire le cordon sans descendre, ouvre la porte ainsi et nous entrons.

« Il avait plu, nos chaussures étaient sales, nous les essuyons avec soin au tapis. Au bout du corridor était une porte ouverte, nous entendons causer. Alice, quoique la porte fût ouverte, frappe quelques coups discrets pour prévenir de notre présence, on lui dit : Entrez.

« Alors Alice, que je suivais comme un petit chien, s’avance, va droit vers la maîtresse de maison, la salue sans gaucherie, puis s’incline vers les autres personnes. Moi, j’aurais salué au hasard, ce qui ne se doit pas, paraît-il.

« Mme Richer nous reçoit aimablement et nous fait asseoir. Ma cousine parle avec elle de sa voix claire, douce, harmonieuse, si différente de nos grosses voix à nous, enrouées et si peu agréables. Mes yeux ne quittaient pas Alice puisque je la prenais pour modèle. Je la vis