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A LA FERME.


bottes en demandant des chaussons pour se mettre plus à son aise. Alice sourit encore et me dit :

« — Voilà des libertés qu’il est défendu de prendre en « société ; mais on doit pardonner à ceux qui ignorent les « usages.

« Comme nous revenions, je dis à ma cousine, un peu fatiguée d’avoir entendu longtemps parler haut et fort : « — Notre accent, notre jargon doivent te sembler bien « drôles, les oreilles n’y sont pas habituées.

« — L’accent, mon Dieu, chaque province a le sien, m’a « répondu Alice qui cherche à tout excuser autant qu’elle « le peut, on le garde sans pouvoir s’en défaire entièrement. Le jargon ou langage corrompu est autre chose ! « Aujourd’hui, avec les chemins de fer, les paysans ont « des rapports continuels avec les habitants des villes, « l’instruction est répandue dans les plus petits villages, « pourquoi continue-t-on à s’exprimer de manière à attirer « les moqueries quand il serait si facile de faire autrement ?

« Tu le vois, Marguerite, ma cousine a des idées sur tout, et des idées qui me semblent justes. Ne va pas conclure de là qu’elle est prétentieuse, tu te tromperais. Elle est au contraire fort aimable et prompte à rire. Mon seul regret est que tu ne sois pas là ; avec quel plaisir je l’aurais fait faire sa connaissance ! Pardonne-moi la longueur de cette lettre et réponds-moi le plus tôt possible.

« Ton amie,

« Marcelle. »

La lettre de Marcelle à Marguerite est fort intéressante ; mais elle n’a pu, cela se comprend, contenir toutes les questions se rapportant à la conversation, je vais y suppléer. Le sujet est important, lisez donc avec attenlion, mes chères pelites, les règles que je vais vous mettre sous les yeux, et vous pourrez rivaliser, pour le savoir-vivre, avec les jeunes filles les mieux élevées.