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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/63

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LA POLITESSE ENVERS LES PAUVRES.

Il n’est pas rare de voir des enfants entrer chez un marchand comme un âne entre dans un moulin. Il semblerait que du moment où ils vont acheter pour deux sous de sel ou de poivre, ils ont le droit d’être insolents. Combien en ai-je vus qui, en arrivant dans un magasin, ne disent ni bonjour, ni bonsoir, et s’imaginent que tout leur appartient. Ils touchent aux marchandises, les remuent au risque de les détériorer, et sont des heures à faire leur choix. Ils ne se gênent pas pour déprécier la marchandise et adresser des paroles désobligeantes aux marchands. En leur parlant ils disent : « Je veux du sucre, il me faut du savon, donnez-moi vile ceci, cela… »

Ces enfants impolis oublient que si nous faisons plaisir aux commerçants en achetant leurs marchandises, ils nous rendent de grands services en les tenant à notre disposition. Ils nous font gagner du temps. Que deviendrions-nous, par exemple, si, habitant la campagne, il nous manquait tout à coup de l’huile ou du vinaigre. Ferions-nous quelques kilomètres pour nous en procurer ?

Quand on s’adresse à un fournisseur, on doit lui dire :

— Voulez-vous bien me servir… Donnez-moi, s’il vous plaît, telle chose, telle autre.

On remercie, et en parlant on salue.

Si l’on croit devoir discuter le prix de la marchandise ou sa qualité, il faut le faire doucement et d’un air poli.

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Une anecdote pour terminer.

Lorsque les employés de commerce ont fini de servir leurs clients, ils leur demandent invariablement : Et avec cal

Un jour un de nos spirituels journalistes va acheter six mouchoirs de poche, et quand le commis, en lui remettant son achat, lui adresse la phrase sacramentelle : Avec ça ? le journaliste lui répond gravement : « Avec ça, monsieur, on se mouche. »