Aller au contenu

Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
EN VOYAGE.


lorsqu’on les interroge. Une personne discrète, parlant peu, se fait mieux juger qu’une personne parlant beaucoup et se familiarisant.

La familiarité peut avoir de graves inconvénients, surtout pour les femmes, car on ignore souvent avec qui on est.

Une jeune fille qui se trouve dans une voiture publique : omnibus, tramway ou chemin de fer, doit offrir sa place, si elle est plus commode, à une dame âgée qui arrive, ou à une mère tenant son enfant dans ses bras. Si elle descend en même temps que ses voisines, il est convenable qu’elle sorte la première, les débarrasse de leurs paquets et leur offre la main pour descendre.

Seuls les gens grossiers se permettent de fumer devant des femmes et lèvent ou baissent les glaces à leur convenance, sans consulter les personnes qui les entourent.

Cela est dit à l’adresse des frères de mes petites lectrices. Elles pourraient au besoin le leur rappeler.

C’est un grand étonnement pour certaines étrangères qui viennent en France de voir le peu d’égards que le plus souvent les hommes témoignent aux femmes dans les rues ou dans les réunions publiques. En Amérique, d’après ce que disent les Américaines, jamais un homme ne croiserait une femme sur un trottoir sans descendre afin de ne la point gêner ; jamais il ne resterait assis dans une voiture publique si une femme est debout.

Un Français qui a voyagé dans le nouveau monde raconte deux faits curieux. Le premier surtout caractérise bien les mœurs du nouveau continent ; mais nous nous empressons d’ajouter qu’une Française qui se conduirait comme la jeune fille américaine se ferait juger sévèrement :

« Un homme d’âge mur était assis dans un tramway et lisait son journal. Il reçoit sur l’épaule un coup d’éventail. C’est une jeune fille qui lui fait signe de lui céder sa place. Il se lève sans mot dire, s’installe tant bien que mal sur le marchepied tandis que l’intruse s’assied commodément. »

« Les garçons et les filles sont reçus dons les mêmes