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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/84

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.

Ne me fais pas croire que tu boudes. C’est fini, n’est-ce pas ? Fais la paix avec Elisabeth et Marie. Va vite.

— Ah ! je te tiens ! Tu l’es. Hop !

— Mais tu me fais mal ! Prends donc garde maladroit !

— Voyez-vous ce mirliflor ! Oh ! la, la !

Pif, paf ! pan, pan !

Gaston et Maurice excités, en colère, se donnent des bourrades, se bousculent et finalement roulent par terre.

— Là, là ! fait Jérôme les séparant. En voilà assez, mes gaillards. Comment ! on ne vous voit jamais l’un sans l’autre et vous vous battez ! Je vous croyais une paire d’amis ?

— C’est parce qu’on est camarades qu’on ne se gêne pas, dit Gaston. Une taloche de plus ou de moins, ça ne compte pas.

— Taisez-vous, mauvaise engeance ! La camaraderie et la familiarité n’autorisent pas la brutalité. On est amis ou on ne l’est pas. Faites la paix et… détalez.

Jérôme en se retournant voit deux petites filles — Charlotte et Geneviève — assises dans un coin et semblant ne prendre aucune part aux divertissements de leurs compagnes.

— Ah ! vous ne jouez pas ? dit Jérôme étonné. Pourquoi cela ?

— Je vais vous expliquer, monsieur Jérôme, répond Geneviève. Charlotte a été longtemps malade, elle est encore bien pâle, regardez… Elle ne peut courir et sauter, alors moi, pour la consoler, et pour qu’elle ne s’ennuie pas ; je reste près d’elle et nous causons.

— C’est bien, cela, Geneviève, tu as un bon petit cœur, et puisque tu es bonne et gentille pour tes amies, elles le seront aussi pour toi.