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Page:Juranville - La civilité des petites filles, Ed. 2.djvu/90

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LA CIVILITÉ DES PETITES FILLES.

Il faut croire que Jérôme fut écouté, car le soir, de bien des maisons du village sortaient, ici le son de voix argentines, là des sons flûtes redisant les exploits du renard qui attrape le corbeau, ou le crime du méchant loup qui dévore le petit agneau.

Ah ! quelle belle journée que celle d’une fête au village !


Les règles du jeu. — Pour terminer convenablement ce sujet, nous allons donner quelques règles bonnes à observer dans le jeu.

Notre corps, de même que notre esprit, a besoin de repos, et, comme le disait l’apôtre saint Jean à quelqu’un qui s’étonnait de le voir s’amuser avec des tourterelles : la corde de l’arc ne peut pas être toujours tendue.

Il est bon, il est utile de se récréer après le travail ; mais il faut faire en sorte que le jeu ne dégénère pas en passion. S’il est permis de jouer quelquefois un peu d’argent, pour intéresser le jeu, il ne l’est pas d’y compromettre une somme importante. C’est là que la pente est rapide et glissante.

Il est nécessaire d’apprendre les jeux usités dans toutes les réunions de famille. On serait ridicule, si, étant admis dans une société, on ignorait toute espèce de jeux et si on ne pouvait prendre part aux divertissements établis par la maîtresse de maison.

Quand on joue de l’argent, celui qui gagne la partie n’a pas le droit de cesser le jeu ; ce droit n’appartient qu’au perdant.

Si l’on perd, il faut payer exactement ce que l’on doit. Dans le monde, les dettes de jeu sont réputées dettes d’honneur.

Si l’on regarde jouer, il faut bien se garder de s’ériger en censeur, de donner des conseils, de prendre parti pour l’un ou l’autre joueur. En agissant ainsi, on mécontente l’un des partenaires et l’on peut amener des discussions fâcheuses.