Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/50

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Le roi pense mélancoliquement aux phrases qui l’avaient pipé. « Quelle erreur de croire qu’Haroun-al-Raschid se promenât dans Bagdad et Bassora pour y rendre la justice et écouter des histoires ! Quelle erreur de croire que Pierre le Grand, lorsqu’il charpentait, ne pensait qu’à la nautique et à la reconstruction de l’Empire d’Orient ! et Joseph II, pensez-vous que Casanova eût pu lui adresser ses intéressants rapports, s’il n’eût, de compagnie avec le sémillant évadé, visité quelques recoins de ses capitales, et déridé parfois son auguste front en société de préférence mal triée ? À qui a pensé Shakespeare dans Mesure pour Mesure qu’on vient de nous jouer ; à personne, dira-t-on ? Mais quoique enfin, messieurs les poètes, à la vérité, se souviennent plus qu’ils n’inventent, et se hâtent, le plus souvent, de rapetasser, les saillies, traits de mœurs et aventures, des hauts personnages qu’il leur fut un soir