Page:Kahn - Le Roi fou, 1896.djvu/74

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l’instant où dans les capitales les gens seulement sortent du théâtre. Se retremper dans la joie, dans la vie vivante une heure ou deux seulement, dormir ; puis il repartira pour sa mission ; qu’est-ce que sa mission ? Petite affaire sans doute, on peut perdre un jour certainement.

Tristesse encore, langueur brutale et bruyante du train volant par la ténèbre épaissie, lumières brûlées de vitesse, malsaine atmosphère. L’allure du train semble frôler des cages de verre éparses dans un désert. Aux arrêts frigides, impatients du repartir, emmitouflés, des êtres vagues, des lividités ; la petite terreur a blêmi ces visages. L’express de nuit qui, de si loin, amène vers l’Ouest des flots d’étrangers versilingues, a quelque chose d’inquiétant ; c’est l’express de nuit qui transporte le criminel et le filou sombre. Au coin du compartiment où s’est jeté Sparkling deux êtres fument, trop noirs, trop bagués, des