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LNE CAMPAGNE DU SYMBOLISME 97

rythme perçu et initialement déroulé par la comtesse Mahaud disparaît dans la mort et les éléments, n’ayant fait que victimes puisque, n’aboutissant pas, il ne fut qu’agitation.

Telle la contexture du livre : l ’effort intellectuel périssant par la lutte avec le développement physique, l’âme aspirant à l’être, inclinée par la mauvaise utilisation des forces vers la vie corporelle qui est le non-être, puisque la force mentale s’accroît par son effort et subsiste en toute apparence éternelle d’espace et de durée et que la force corporelle dépensée est irrémédiablement perdue et le temps d’effort qu’a coûté la dépense de force, aboli.

Et d’abord pourquoi une restitution du xv siècle ? car il faut admettre que les jeunes écrivains utilisent un temps écoulé pour y dérouler, en une tapisserie décorative, l’essence toute moderne de leur pensée. — C’est que ce temps infiniment trouble, temps de lutte pour la vie absolument générale, lutte contre la guerre, lutte contre le pillage, lutte pour la liberté de vivre matériellement, accomplit ses événements physiques avec des heurts singuliers. Coexistent Etienne Marcel, Gerson, Armagnac, Louis d’Orléans, Jean de Bourgogne ; la chevalerie meurt ; la persécution, c’est- 4-dire l’adoption d’mie idée avec assez de force pour l’imposer par tout moyen, fleurit. E^tre toutes ces causes de désordre, les esprits s’affolent ; c’est le temps des danses de Saint-Guy, des danses macabres ; les gens affolés et saturés de souffrance rentrent en eux pour y chercher un coin de calme ou d’oubli ; or, ils ne le trouvent pas, le malheur leur ayant durci le cœur, les sciences ou les