Aller au contenu

Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que chez M. Zola, qui fut le théoricien, à tout instant et à son grand regret, des échappées de lyrisme s’évadent, et que ce livre imprégné de soleil, la Fortune des Rougon, n’est pas d’un pur naturaliste. Le type du livre réaliste resterait l'Accident de M. Hébert, comme le type de la pièce naturaliste serait la Fin de Lucie Pellegrin que M. Paul Alexis a fait représenter au Théâtre-Libre. Après Renée et Germinal, avant Germinie Lacerteux, la tentative était intéressante.

M. Paul Alexis est un consciencieux. Il a choisi une situation scabreuse de la vie, une situation qui, habituellement, se revêt d’élégance, mais qui, dans certains quartiers de Paris, à Montmartre par exemple, apparaît avec une certaine désinvolture : cette situation, prise à un moment extrême, l’agonie de la coryphée du drame, il l’a racontée simplement, sauf quelques phrases prédicatoires et humanitaires. L’indignation a été assez profonde, et je la conçois chez de purs artistes épris de lyrisme, qui jugent la réalité un simple élément d’art, ou plutôt un ensemble de conditions dont quelques-unes peuvent permettre de faire de l’art ; mais je ne saisis pas bien la pudeur générale des critiques. Est-ce parce que dans toute pièce moderne l’adultère étant le sujet général, on a été dérouté ? Que la pièce de M. Alexis soit bonne, je ne le pense pas ; mais puisqu’on a accueilli et applaudi le naturalisme, il est bon de le laisser évoluer dans ses strictes conséquences. La partie semble perdue par le naturalisme au théâtre ; Germinal déversait un sinistre ennui ; évidemment dépouillées des coins d’art qu’introduisent, de par leurs virtualités poétiques et passionnelles, les écrivains réalistes