Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/124

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représentants d’écoles lyriques qui se réclament d’Hugo, les adversaires apportent bon contingent de volumes. Les adversaires sont les naturalistes. Le mot est vague et indistinct comme toute étiquette et s’applique à des esprits de tempéraments très différents, autant que les mots romantiques et parnassiens couvraient d’ambitions d’art ou d’habiletés différentes. Je disais tout à l’heure qu’il existait deux classes d’artistes et deux classes de lecteurs ; ces deux classes, je les déterminais pour les lyriques ; elles existent à un étage différent pour les écrivains naturalistes qui se baptisent aussi réalistes ou humoristes, selon des différences d’esprit et de tempérament. Si les principes même du réalisme, ne raconter que des faits de vie sans les interpréter et expliquer un décor réel sans le transposer, sont la forme la plus expresse de la haine de l’art, si les fondateurs du réalisme, M. Champfleury par exemple ont, sans relâche, donné des preuves de cette haine de l’art, il faut convenir que tous ceux qui les ont suivis dans cette voie ont absolument modifié les manières de voir des initiateurs et de prédécesseurs tels que Furetière, Restif, Fielding, Dickens, etc. ; il faudrait d’abord ranger Flaubert parmi les poètes animateurs de symboles, admettre que M. de Goncourt, dilettante, s’est surtout préoccupé de traduire les choses élégamment et intensément ; les paysages de M. de Goncourt et la transfiguration des Frères Zemganno ne sont pas du naturalisme ; il faut admettre que chez M. Daudet une préoccupation de faire un ensemble en tradition avec les habitudes des lettrés de son temps varie sa transposition de la réalité ;