Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/22

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La presse, toujours la même, avait accueilli d’un déferlement de rires la Pénultième. Il y eut pourtant à ce moment, à peu près, un article de Jean Richepin qui disait fortement la beauté d’art des œuvres de Mallarmé, de Verlaine, de Huysmans, et je crois de Villiers. C’était l’heure, l’aurore de Richepin, la Chanson des Gueux avait remué la jeunesse, et les Chansons joyeuses de Bouchor comptaient :

On parlait aussi de Bourget, alors poète, dont on attendait, parallèlement à Coppée, le renouvellement du roman en vers ; on attendait sans vibration. Richepin surtout était à la mode. Les normaliens s’en enorgueillissaient, les candidats aux titres universitaires l’adoraient de les avoir piétines, les futurs poètes aimaient sa saveur rude, et les étudiants admiraient sa légende de force et de bohémianisme.

La République des lettres, la revue de Mendès était morte du roman de Cladel, le Tombeau des lutteurs. Elle avait été superbe, luxueuse (dieu ! qu’on avait ironisé à propos de poèmes en prose de Mallarmé qui ornaient la première livraison, d’ailleurs fort bien faite), et puis elle avait diminué, et comme un nageur qui s’allège pour remonter le courant, elle avait jeté peu à peu sa couverture bleue, son vêtement, elle s’était faite menue, diminuant l’épaisseur de ses vélins, elle s’était faite toute petite, toute légère. Après elle, un journal, La Vie littéraire, qui lui succédait, sans la remplacer, jetait au monde, toutes les semaines, un tourbillon de poèmes et de gloire. Il y avait là tous les petits Parnassiens qui écrivaient aussi à La Renaissance de Blémont. Dans La Vie littéraire, tous les poèmes