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symbolistes et décadents

III

La formation intellectuelle de Villiers, la date de ses œuvres, l’heure des influences et quelles sur sa pensée et sa production ; nul n’en ignore ; récapitulons qu’après les premières poésies déjà deux drames : Elen et Morgane, affirmaient un auteur dramatique, et que le faire d’Axel s’y trouve embryonnaire. Dans Elen, drame de cape et d’épée, avec les romantiques pourpoints et les épées des étudiants du Tugendbund, s’isole, fragment égal à des œuvres futures, un rêve d’opium. Isis, l’œuvre interrompue, amène, avec un art complet et complexe, tout le livre, vers une très large et belle scène finale ; Bonhomet, qui fut long à paraître en librairie, la Revue des Lettres et des Arts en donnait déjà Claire Lenoir, le fragment le plus important, et non dépassé par les additions postérieures ; les Contes cruels s’éparpillaient depuis cette date au long des revues ; puis ce fut L’Ève future, plusieurs fois réécrite, puis Akédysseril, puis L’Amour suprême, les Histoires insolites et Axel.

L’influence la plus profonde qu’on puisse déterminer est celle d’Edgar Poe. Dans les hautes conceptions de ses personnages féminins, d’une si stricte élégance et de sobre éloquence, on entrevoit des souvenirs de Ligeia. Aussi, dans le tour plaisant des contes grotesques, Hoffmann lui fut inspirateur par cette