Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/359

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Adam a plus longé le Parnasse qu’il n’en fit partie ; que l’y ranger, c’est, de la part des Parnassiens, transporter sur le terrain littéraire une amicale contemporanéité. Villiers est un prosateur, il a fait peu de vers, et ses premières poésies, qu’on ne peut considérer comme importantes dans son œuvre, portent surtout l’empreinte d’Alfred de Musset. M. Anatole France n’est point, à proprement parler, un parnassien, étant devenu lui-même un point de départ et dans une orientation si différente. Il voisine par les Noces corinthiennes et ses poèmes, puis il bifurque. Il faut surtout dire et redire que c’est indûment que le Parnasse revendiquerait Mallarmé et Verlaine. Ils ont débuté avec les Parnassiens, d’accord ; mais leur gloire douloureuse et magnifique, ils l’acquirent pour s’en être séparés, en vue d’une vie dart particulière qui fit d’eux les précurseurs du Symbolisme. Stéphane Mallarmé rêva la courbe d’art qui le mena, d’une volonté de faire aboutir logiquement l’idéal du vers selon Gautier et Baudelaire, au vers libre[1].

Paul Verlaine se prit à chanter à sa guise et à tordre métaphoriquement le cou à la rime, ce bijou d’un sou selon lui, ce kohinnor d’après les Parnassiens. Il faut, d’ailleurs, admettre que le Parnasse est, sur ce point, peu cohérent dans ses dires, car, dans la Légende du Parnasse contemporain, Verlaine et Mallarmé ne sont

  1. Malgré que de très jeunes critiques l’ignorent la dernière publication poétique de Stéphane Mallarmé est en vers libres. C’est : Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, poème paru dans Cosmopolis, et qui devait être le premier d’une série de dix poèmes en vers libres. La mort interrompit.