Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/365

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vers 1878. Richepin écrivait la Chanson des Gueux, M. Paul Bourget Edel, M.Bouchor les Chansons joyeuses et ce fut d’avoir eu trop confiance en leur rhétorique qui les empêcha d’imposer une esthétique qui s’appuyait d’ailleurs sur le naturalisme, dont on pensa quelque temps qu’ils allaient devenir les poètes. Ils ne manquèrent point de talent ni de truculence, mais bien d’indépendance et d’audace.

Il faut supprimer de la liste que fournit le Parnasse contemporain le nom des poètes qui tournèrent court, après un ou deux volumes de vers, entrèrent dans la politique ou l’administration, et se turent ; certains furent des créations de M. Lemerre. Postérieurement au Parnasse contemporain, on trouverait aussi de nouvelles recrues pour le Parnasse, mais il faudrait distinguer, parmi ces fervents de l’art traditionnel, ceux qui procèdent du romantisme pur et les lamartiniens, de ceux que directement tel ou tel des Parnassiens influença. Si on peut porter à l’acquis du Parnasse des poètes tels que M. de Guerne, M. Jacques Madeleine, et très à la rigueur M. Henry Barbusse, on ne saurait lui attribuer ceux qui, quoique résolus au vers régulier, ont d’autres attaches, comme M. Quillard, comme Albert Samain. Ce n’est point sans arrière-pensée que le Parnasse réclame Verlaine : c’est non seulement à cause de sa gloire, c’est à cause des verlainiens, car l’empreinte de Verlaine se trouve, et forte, chez des suivants du rythme traditionnel.

L’art de M. Tailhade ne s’apparente intellectuellement qu’à des tentatives de rénovation, si strictement traditionnelle soit sa métrique, et on sent bien en lisant