Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/368

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sa nature heureuse lui en avait fait une baguette magique, et il en vante aux autres les puissances cachées, la force inventive.

Très louablement opposé aux licences qui déforment la phrase, par exemple à l’inversion, il accuse la lâcheté humaine de s’opposer à l’emploi de l’hiatus.

Il ressort de ses lignes qu’étant donnée une technique dont il ne discute pas la base scientifique ni la légitimité, ceux qui l’abordent doivent s’en tirer sans trucs et sans faciletés convenues, obtenues aux dépens du tour logique de la phrase ; cela donne la main aux théories des vers-libristes qui ne subordonnent jamais cette allure nécessaire de la phrase au redoublement des sonorités, à la redondance de la strophe, ni à la rotondité du rythme, comme dirait M. Mendès.

Mais Banville ne persévère par sur cette indication qu’il a fait luire, et, avec une belle franchise, facile à son énorme et souriante habileté dont l’acrobatisme n’est qu’un province, il conseille nettement de cheviller. Il prend pour exemple un fragment du Régiment du Baron Madruce, en dispose les images principales, les mots essentiels placés à la rime, et indique que la besogne, une fois le premier travail fait, est de rejoindre avec élégance et sans qu’aucune bavure dénonce le travail de mosaïque, les images principales, les rimes principales. Évidemment, il eut été moins fécond et moins lyrique s’il se fut toujours soumis à cette méthode. Enfin, chevillage habile ou mosaïque ingénieuse, et rime rare à consonne d’appui, voilà la base même de son enseignement.

D’ailleurs, les influences de Banville et de Leconte