Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/367

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dore de Banville. Ce livre a paru vers 1876[1] ; il n’a pu servir à l’instruction poétique d’aucun des premiers Parnassiens, mais il résume un enseignement oral qu’ils écoutèrent.

D’ailleurs, en ajoutant à la prosodie de Tennint, et en la refondant, et en la noyant autant que faire se pouvait dans de la fantaisie élégante et joyeuse, Théodore de Banville est très prudent : il ne présente son livre que comme un petit manuel destiné aux gens du monde. Il préconise, pour les poètes, uniquement la lecture des maîtres comme moyen d’instruction, et prétend s’adresser à un candidat au Parnasse qui voudrait faire des vers malgré Minerve. Il y a peut-être là coquetterie d’un grand lyrique, ennuyé de professer et de donner des recettes. D’autres réserves, que le poète fait pour sa conscience, sont plus importantes : il s’agit pour lui de ne pas fermer son livre sans lui laisser une issue sur l’avenir. Plus près que les Parnassiens de la révolution romantique, plus créateur qu’eux et de beaucoup, il n’a pas, étant un inspirateur, la foi aveugle des adeptes : c’est pourquoi il regrette que la révolution d’Hugo soit restée incomplète, que les romantiques n’aient rien ajouté à cette révolution, que leur rôle y ait été plutôt restrictif. Ces concessions faites à l’avenir, il pose son principe de la Rime puissance absolue, le seul mot, dirat-il, qu’on entende dans le vers ; il la considère comme une nécessité de technique, aussi comme un tremplin ;

  1. La première édition, chez Cinqualbre, éditeur fugitif, qui donna aussi une réédition d’Arvers et Ompdrailles le tombeau des lutteurs.